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Montréal, une terre d’accueil en 1990

Montréal, une terre d’accueil en 1990
Photo Alain Bergeron


NORMAN, Oklahoma | Venue y trouver la gloire en 1976, Nadia Comaneci a ensuite fait de Montréal la terre d’accueil qui allait relancer sa vie.

Au printemps de 1990, une famille roumaine du quartier Rosemont a accueilli la gymnaste renommée dans une démarche qui deviendra pour elle une sorte de refuge après un épisode trouble de sa vie.

La championne olympique avait réussi un coup audacieux en novembre 1989 pour s’assurer d’un avenir meilleur. En compagnie de cinq jeunes Roumains, elle marcha durant plus de six heures dans la froide campagne pour atteindre la Hongrie et plus tard l’ambassade américaine en Autriche, d’où ils s’envolèrent pour New York.

Comaneci venait de fuir le régime répressif de Nicolae Ceausescu. Ce fut là l’ultime réaction d’une des plus illustres citoyennes de Roumanie, à qui on avait interdit durant plusieurs années de sortir de son pays, le gouvernement craignant la fuite de celle qu’il voyait comme un modèle de réussite du communisme.

Montréal, un « naturel »

Elle aboutira finalement chez un dénommé Alexandru Stefu qui habitait dans un immeuble à logements près de la rue Beaubien. Ce Roumain d’origine est devenu la bouée de sauvetage pour l’ex-athlète alors âgée de 28 ans. Par un stratagème orchestré par quelques contacts de gymnastique, dont l’Américain Bart Conner qui l’a épousée en 1996, Comaneci a ainsi pu s’extirper des griffes d’un louche passeur, lui aussi Roumain, mais demeurant en Floride, qui avait utilisé la notoriété de la célèbre transfuge pour lui soutirer une importante somme.

«La famille d’Alexandru m’a été conseillée et ça devenait encore plus naturel parce qu’elle vivait à Montréal. Je me souviens m’être sentie comme lorsqu’on rentre à la maison. C’était la ville où j’avais connu du succès. Ça devenait pour moi une bonne introduction dans un avenir que je n’avais pas encore défini», évoque-t-elle aujourd’hui.

Une vie nouvelle

L’ex-gymnaste a vécu un an et demi dans son Montréal d’adoption et s’est refait une santé. La noyade tragique de Stefu en septembre 1991, alors qu’il pratiquait la plongée, a amené Comaneci à s’établir à Norman, en Oklahoma, dans la famille de Paul Ziert, un ex-entraîneur hautement estimé dans l’univers de la gymnastique.

Elle retrouvera dans la même période Bart Conner, ex-gymnaste médaillé d’or aux Jeux de Los Angeles, qu’elle épousera en avril 1996 dans un mariage aux allures royales au parlement de Bucarest. Ce geste du gouvernement démocratique roumain devenait un salut du cœur à sa plus célèbre ambassadrice, qui revient vaguement sur les épisodes plus mornes de sa vie sinon que par des réponses qu’on devine préparées d’avance.

«Une vie idéale doit être faite de diverses expériences parce que c’est ce qui nous permet d’apprendre, expose-t-elle. Les décisions se prennent selon ses propres instincts et on espère chaque fois avoir fait un bon choix. Ma vie est faite de toutes sortes de combinaisons. S’il y avait seulement de bonnes choses qui nous arrivaient, il me semble que ce serait ennuyant, non?»

Montréal, une terre d’accueil en 1990
Les élèves de l’académie que Nadia Comaneci possède en Oklahoma ne se font jamais prier pour poser avec l’illustre gymnaste. Photo Alain Bergeron
Montréal, une terre d’accueil en 1990
Photo Alain Bergeron
Montréal, une terre d’accueil en 1990
Photo Alain Bergeron

 

Des articles précieux

Des souvenirs rapportés des Jeux de Montréal représentent une valeur sentimentale pour la Roumaine d’origine, à commencer par ses cinq médailles cachées quelque part en sécurité dans un coffret. Un flambeau utilisé pour le transport de la flamme est accroché en évidence près de la porte de son bureau. Le costume aux couleurs de son pays qu’elle portait à la cérémonie d’ouverture repose aussi soigneusement plié dans un tiroir, 39 ans plus tard.

« Même le chapeau que je portais ne me fait plus! » rigole-t-elle aujourd’hui.

 

Chauffeur, au stade svp !

Idole de jeunesse de Céline Dion, Nadia Comaneci a piqué une saucette à Montréal en novembre 2013 à titre d’invitée-surprise d’une édition spéciale du Banquier enregistrée avec la chanteuse québécoise. La célèbre gymnaste avait ensuite demandé au chauffeur qui la ramenait à l’aéroport d’effectuer un détour par le Stade olympique.

« Je tenais à aller voir les plaques autour du stade qui rappellent les grands moments des Jeux. Je ne voulais pas quitter Montréal sans voir cet espace parce que je savais que le Forum n’existe plus dans la forme qu’il avait durant les Jeux de 1976 », explique celle qui dit demeurer en contact avec le couple Angélil-Dion.

 

Une statue à Montréal ?

Le courant olympique qui circulera à Montréal durant les prochains jours éveillera les souvenirs des performances de Nadia Comaneci aux Jeux de 1976, mais l’ex-gymnaste se garde bien de jouer les opportunistes. Une statue en son honneur devrait-elle s’élever quelque part dans la ville qui l’a marquée? « Je ne revendiquerai jamais une forme d’honneur parce que j’ai fait ceci ou cela. Si le temps arrive pour que quelqu’un, quelque part, décide de faire quelque chose dans une ville où ça aurait un impact sur les prochaines générations et qui pourrait contribuer à la naissance d’autres championnes, ça va. Mais juste pour moi? Non, je ne veux pas quelque chose qui signifie plus que ce que je suis. »

 

En français

Même si le débit est lent et posé, Nadia Comaneci surprendra les Québécois avec un français convenable lors de sa visite à Montréal.

« À l’école en Roumanie, il était permis d’apprendre deux langues et j’avais choisi l’anglais et le français durant quatre ans. Malheureusement, je n’ai pas souvent l’occasion de pratiquer », avoue l’ex-gymnaste.

 

Dylan le perspicace

Une mère riche de neuf médailles olympiques et un père double médaillé d’or aux Jeux de Los Angeles semblent piquer la curiosité davantage dans le voisinage que dans la propre maison de Nadia Comaneci et Bart Conner. Les deux parents n’évoquent jamais leurs exploits avec leur petit Dylan, qui a fêté récemment ses 9 ans. « Il va le découvrir par lui-même », explique la maman, qui s’amuse d’une anecdote survenue il y a quatre ans. « Un jour dans la voiture en revenant de la garderie, il nous a dit tout bonnement: papa, maman, vous saviez que vous êtes célèbres? »

 

Pas de plan pour le 40e

Nadia Comaneci sait déjà qu’elle assistera aux Jeux de Rio en août 2016, mais rien ne lui indique où elle se trouvera le 18 juillet précédent, 40 ans jour pour jour après avoir obtenu la première note parfaite de 10,0 de l’histoire de la gymnastique.

À Montréal, peut-être?

« Je ne sais pas, peut-être que ce sera souligné d’une façon particulière à la nouvelle Maison olympique? » suppose-t-elle. L’idée vient d’être lancée malgré elle...

 

Le 73 Mythique et mathématique

Montréal, une terre d’accueil en 1990
Photo d'archives

Le 9 de Maurice Richard et le 4 de Jean Béliveau auraient pu côtoyer un autre numéro célèbre dans les hauteurs de l’ancien Forum: le 73 de Nadia Comaneci.

Le dossard que portait l’énergique gymnaste de Roumanie durant les Jeux de 1976 revêt aujourd’hui un sens mythique, au point où il a pris la direction du Musée olympique à Lausanne. Ce 73 a atteint une telle valeur sentimentale pour l’enfant prodige qu’elle a consenti à l’exposer dans une vitrine du CIO depuis novembre dernier. Mais sous forme d’un prêt, insiste-t-elle.

«Je considérais que ça pourrait devenir un bel attrait à afficher au musée pour le partager avec le public, mais je n’ai pas encore décidé si ce sera pour toujours. Pour l’instant, je le prête.»

Comme pour nourrir la magie, la reine des Jeux de Montréal puise dans ce dossard 73 un raisonnement mathématique qui atteste son rendez-vous avec l’histoire.

«3 X 7 = 21, ce qui rappelle que c’étaient les XXIes Jeux olympiques. Le 7 pour mes sept notes parfaites, le 3 pour le nombre de mes médailles d’or et 7 + 3 font 10, comme la note parfaite!» évoque-t-elle comme une élève qui récite ses devoirs par cœur.

 
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