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Quand Paris Match publiait la première photo de François Mitterrand et sa fille Mazarine

Mazarine Pingeot et François Mitterrand dans les pages de Paris Match, en 1994.
Mazarine Pingeot et François Mitterrand dans les pages de Paris Match, en 1994. © Paris Match
Emilie Cabot , Mis à jour le

Alors que «Les Lettres à Anne», envoyées par François Mitterrand à Anne Pingeot, viennent d’être publiées, Paris Match raconte les coulisses d’un cliché qui plus de vingt ans après fait toujours parler : celui publié en 1994 montrant le chef de l’Etat avec sa fille naturelle Mazarine. 

10 novembre 1994, le numéro 2372 de Paris Match est en kiosques. «Mitterrand et sa fille, le bouleversant récit d’une double vie», titre le magazine qui a choisi comme couverture un portrait de François Mitterrand. Dans un encadré en haut à gauche, le chef de l’Etat apparaît aux côtés d’une jeune femme de 20 ans, présentée comme sa fille naturelle. L’hebdomadaire vient de publier la première photo de Mazarine et son père. «A l’époque de la photo, Mitterrand était déjà très malade, en fin de vie. Il voulait mettre les choses au clair, analyse Marc Brincourt, rédacteur en chef photo pour Paris Match. Il a voulu officialiser l’existence de Mazarine. Elle ne pouvait plus rester cachée».

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«Dans le milieu autorisé de la presse politique, tout le monde savait, mais personne ne disait rien», poursuit-il. François Mitterrand et sa fille n’apparaissaient jamais ensemble. Ils se voyaient dans un appartement et lors des déjeuners au Divellec, adresse prisée près des Invalides, ils n’étaient jamais ensemble, à l’arrivée comme à la sortie.

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«Ce jour-là, ils sortent du fameux restaurant tous les deux en même temps et restent même quelques minutes sur le pas de la porte. François Mitterrand regarde Mazarine, met la main sur son épaule, il n’y a pas d'ambiguïté», raconte Marc Brincourt.

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"Ils savent ce qu’ils ont à faire", répond Mitterrand

Sébastien Valiela, photographe à l’origine de la révélation en 2014 de la liaison entre François Hollande et Julie Gayet, est là et fait la photo. «François Mitterrand se doutait qu’il y avait des photographes. Il est à la fin de sa carrière politique et de sa vie, il sait qu’il est guetté par des paparazzis», poursuit le rédacteur en chef. 

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Les photos sont présentées à Roger Thérond, patron historique de Paris Match qui tente alors un coup de poker. Il les fait tirer et les confie à Roland Dumas pour qu’il les dépose sur le bureau du Président de la République. «"J’ai reçu ça. Que fait-on ?", lui aurait dit Dumas en lui présentant une série de photos. Mitterrand aurait répondu : "Ils savent ce qu’ils ont à faire"», raconte le spécialiste. «Le coté tacticien de Mitterrand ressort dans cette réponse. Il ne dit pas oui, il ne dit pas non. C’est une validation sans valider, analyse-t-il. En regardant l’une des photos de lui et sa fille Mitterrand aurait aussi dit : "C’est quand même une belle histoire".»

La photo sera publiée. Tout le monde découvre le jeudi, jour de sortie, ce numéro placé sous embargo. Même au sein de la rédaction où seule une poignée de personnes était dans la confidence. Ce jour-là, la rédaction de l’hebdomadaire est inondée de coups de téléphone de la presse du monde entier.

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"Le geste tendre d’un père"

La couverture 2372 de Paris Match révélant l'existence de Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand.
La couverture 2372 de Paris Match révélant l'existence de Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand. © Paris Match

«L’autre grande sagesse de Roger Thérond est de ne pas avoir cédé à la tentation de la couverture. Il a choisi un portrait du Président, puis de mettre la photo de Mazarine en encadré. Ce n’est pas le fruit du hasard», note encore le rédacteur en chef photo.

A l’intérieur, le cliché s’étale sur une double page, avec pour titre : «Le geste tendre d’un père ». Et pour légende : «Le président sort d’un restaurant du Tout-Paris. Il vient de déjeuner avec sa fille qu’il ne cache plus». «Pour fêter le succès de sa fille, François Mitterrand a déjeuné avec les siens chez Le Divellec, un grand restaurant des Invalides, fréquenté par le Tout Paris des affaires et de la politique et des journalistes. Admise au quatrième rang de l’Ecole normale supérieure, Mazarine a eu le droit, comme toutes les jeunes filles de France, à une fête de famille où ne manquait pas son chevalier servant», écrit Paris Match ce 10 novembre 1994.

Dans ce dossier, le magazine publie également une interview du journaliste Philippe Alexandre, dont le livre («Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens») bientôt sorti, révèle que François Mitterrand a une autre femme et une fille, à côté de sa famille officielle.

"Une passerelle pour réunir ses deux familles à son enterrement"

Le visage de Mazarine est désormais connu de tous. C’est le début d’un feuilleton. A Paris Match, les photographes fouillent leur archives après avoir entendu qu’elle avait participé à quelques voyages officiels à l’étranger. Ils la retrouvent à deux ou trois reprises. Quelques temps après, la jeune femme fait la couverture du magazine avec un rendez-vous photo.

A lire : Mazarine Pingeot : "C'était un super père"

Le final a lieu à Jarnac, lors des obsèques du chef de l’Etat le 11 janvier 1996. «La photo de Mazarine dans Match a permis à François Mitterrand de clarifier la situation. Il voulait que Mazarine soit présente à ses obsèques, il était obligé de passer par l’officialisation. Cette photo était une passerelle pour arriver à la réunion de ses deux familles lors de son enterrement», explique Marc Brincourt.

Le cliché publié en novembre 1994 a ainsi servi à avoir quatorze mois plus tard la photo des deux familles -Danielle Mitterrand entourée de ses deux fils Jean-Christophe et Gilbert, Anne Pingeot et Mazarine- réunies devant le cercueil du Président. 

Paris Match et l'Institut François-Mitterrand organisent une exposition pour le centenaire de la naissance du président, du 27 octobre au 13 novembre, au Carrousel du Louvre

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