Le chantier de la TR3 a été mis de côté de juillet 2011 à septembre 2012. En effet, suite à une alerte google, j’ai trouvé une Jaguar Type E série 1 3,8l a prix canon !
La Série 1 3,8L , c’est le moteur et la boite des 24h du Mans dans la plus belle voiture de tous les temps dixit Enzo Ferrari.
Une 3,8l bien connue, celle de Louis-Philippe Fourchaume :
L’exemplaire que j’ai trouvé est assez défraichi. Du boulot pour la remettre en route mais la base est saine et elle est complète. Cerise sur le gâteau, elle est « matching numbers » (les n° de châssis, moteur et boite correspondent ce qui veut dire qu’elle n’a pas subi de transplantation en 50ans, ce qui est rare).
Seul petit hic : elle est à Los Angeles…
Je me lance donc dans l’import de vielles voitures et voici mon retour d’expérience !
D’abord, quelques réflexions :
L’import vaut le coup pour les voitures qui ont une bonne cote. Etre bien sûr que le jeu en vaille la chandelle, donc bien vérifier la cote de la voiture convoitée: http://www.lva-auto.fr/cote.php
Les US sont un gros vivier de vielles voitures. Les américains ont acheté pleins de voitures de sport dans les années 50/60 et le climat sec (Californie, Texas, etc..) a préservé les châssis.
Les américains sont les rois du tape à l’oeil : une carrosserie trop nickel est très surement « choucroutée ». Ce sont aussi les rois du tuning : on trouve souvent des vieilles européennes montées avec des moteurs V8 américains. Ca peut être rigolo, mais chez nous ça ne cotera plus rien…
Une voiture plus belle en photo qu’en réalité, une mécanique soit disant impeccable et finalement pas du tout : autant de possibilité d’être déçu et d’avoir l’impression de s’être fait arnaqué. Donc, ne pas avoir peur d’un moteur/boite fatigué mais « matching numbers », ni d’une carrosserie un peu trouée (pas trop quand même…), ou d’une peinture fanée. Au moins, on sait ce qu’on achète et on négocie en conséquence.
Il y a plein d’annonces alléchantes sur Ebay, mais personnellement, je n’ai pas osé traiter avec un particulier (faire un virement de plusieurs milliers d’euros à un gars croisé sur Ebay : hum, hum…).
2 pros qui vendent sur internet depuis plusieurs années :
www.beverlyhillscarclub.com www.gullwingmotorcars.com
Enfin, plus l’euro est fort, moins la voiture coute cher : intéressez-vous à l’économie pour savoir si il faut acheter tout de suite ou si ça vaut le coup d’attendre. www.lesechos.fr
Au prix d’achat il faut ajouter le coût de l’importation:
· Le transport du vendeur jusqu’au port d’expédition (de Los Angeles à Miami j’en ai eu pour 1800$)
· Mise en container, formalité de douane et expédition vers Anvers : 1900$. Je suis passé par easyimportauto.com . Ils sont très pro et parlent français.
Prévoir une copie complète de votre passeport (à scanner et envoyer par mail). Complète car l’administration américaine veut savoir si vous êtes entré aux US et si c’est le cas, si vous n’auriez pas, par hasard, une dette ou une contravention impayée. Auquel cas, il faudra s’en acquitter pour espérer avoir l’autorisation de charger le container.
· Assurance : ne pas mégoter, prendre le max. J’en ai eu pour 663€ à la Lloyds. C’est rien en comparaison d’une fausse manœuvre du docker de Miami qui fait tomber le container au fond du port, ou d’une vague qui emporte votre voiture au milieu de l’Atlantique…
· Dans votre budget, prendre en compte les frais de virement aux US. Pour ma part, 30€ par virement.
Arrivé à Anvers, il faut réceptionner le container, le dépoter, passer la douane et rapatrier la voiture à la maison.
· Réception, dépotage et rapatriement : On peut poser un RTT et louer un plateau. J’ai préféré sous-traiter à la société ARB à Anvers. Ils sont sympas et efficaces. 400€ pour la réception et le dépotage. 250€ pour le rapatriement sur Paris, en passant par la douane de Valenciennes.
· Pour la douane, je suis passé (sur les conseils d’ARB) par Vandervorst, courtier en douane. Le cout de a prestation était de 288€.
· Taxes de douane : les voitures de collection sont taxées à 5,5%. Bien le préciser, sino n c’est 19,6% !! Attention, le transport « US/Europe » entre aussi dans le calcul de la taxe. Pour connaitre le montant des taxes, Il faut donc ajouter le prix d’achat et le prix du transport, convertir en € et multiplier par 0, 055.
Ensuite, un camion énorme vous livre votre joujou. Commence alors la partie administrative…
Le courtier en douane vous envoie en recommandé l’original du Title et le précieux formulaire 846A (certifiant que vous vous êtes acquittés des taxes de douane).
Avec le Title, vous pouvez compléter votre dossier FFVE en vue d’obtenir le certificat FFVE (certificat donnant les caractéristiques techniques qui seront reprises sur la carte grise). Ce certificat implique que la voiture sera immatriculée en carte grise « collection ». Si on veut une carte grise « normale », il faudra passer aux mines. Mission quasi impossible avec une voiture qui a 50 ans. En plus, cela ne sert pas à rien : il n’y a plus de restriction de déplacement pour les CG collection. Et on a le droit de rouler avec des plaques d’immatriculation noires, « comme à l’époque » ( ce qui, sur nos voitures, est mieux que les nouvelles plaques avec les logos du département et de la région ).
Les chanceux recevront leur certificat FFVE en quelques semaines. Pour moi, c’était 2 mois !
Cela laisse le temps de faire les réparations d’urgences pour passer le contrôle technique :
Redémarrer la voiture, mettre une batterie neuve, changer les amortisseurs, refaire le freinage, réviser l’embrayage, l’électricité, la direction, mettre des clignotants européens, etc…
Une fois le certificat FFVE obtenu et les travaux urgents terminés, on peut se rendre au contrôle technique. Oui, mais comment y va-t-on puisque la voiture n’est toujours pas immatriculée ?? En toute rigueur, il faudrait louer un plateau.
Moi, j’y suis allé par la route, avec l’immatriculation américaine. L’assurance a accepté de m’assurer immédiatement avec l’obligation de transmettre sous un mois l’immatriculation française. N’ayant pas les plaques d’origines, j’ai fait des plaques « maison », à l’imprimante puis plastifiées et collées au double-face. Un peu limite, mais bon…
Une fois le CT obtenu, on peut envoyer le dossier complet à la préfecture.
3 jours après on a la carte grise, on régularise coté assurance et c’est bon !!!
On peut alors continuer tranquillement les travaux de restauration : un nouveau démarreur (Hi Torque) pour ne pas rester en panne à la station-service, des pneus neufs pour ne pas partir en travers dans les giratoires, un pot inox pas troué, des joints neufs partout (un grand moment le joint de parebrise !), des rétroviseurs, des jolies jantes et une jolie peinture !
Le moteur est un peu fatigué mais il y a encore suffisamment de chevaux pour s’amuser. Rien d’urgent, sa restauration se fera donc dans 2 ou 3 ans, après la restauration de la TR3.
Et voilà, à la fin ça donne ça :